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Démantèlement de Fret SNCF : le défaut de politique publique montré du doigt

Afin de mettre davantage de marchandises dans les trains et moins dans les norias de camions qui traversent la France, la meilleure stratégie possible est-elle de… démanteler le premier acteur du fret ferroviaire ? Difficile à croire.
C’est pourtant ce que le gouvernement s’apprête à faire, estimant qu’il s’agit là de la seule stratégie pour éviter que Fret SNCF ne rembourse, sous la contrainte de la Commission européenne, 5,3 milliards d’euros d’aides d’Etat touchées entre 2007 et 2019.
Une telle sanction mettrait immédiatement la filiale de la SNCF, qui assure 50 % du marché, en faillite. Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, a donc opté pour une solution dite « de discontinuité » : Fret SNCF va disparaître et renaître sous la forme de deux sociétés, l’une spécialisée dans la maintenance des trains, l’autre dans le fret, mais amputée de 20 % de son chiffre d’affaires au profit de ses concurrents et de 500 salariés sur 5 000.
Devant l’incongruité de la situation, le député (Parti communiste, PCF) de Seine-Maritime Hubert Wulfranc a souhaité qu’une commission d’enquête parlementaire « sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l’avenir » soit ouverte. Il en est le rapporteur et David Valence (Renaissance, Vosges), le président. Elle a déjà enchaîné quarante heures d’auditions, dont celles de la première ministre, Elisabeth Borne, de M. Beaune et de ses prédécesseurs, de plusieurs dirigeants de la SNCF, présents et passés, mais aussi des syndicats et de leur cabinet de conseil Secafi Alpha…
Le directeur général de la concurrence à la Commission européenne, Olivier Guersent, sera entendu le mardi 24 octobre. Mais pas Margrethe Vestager, la commissaire européenne qui s’est mise en retrait pour défendre sa candidature à la présidence de la Banque européenne d’investissement. Une attitude qui agace M. Wulfranc. « Nous voulons comprendre les raisons du déclin du fret ferroviaire depuis vingt ans, l’effet de l’ouverture à la concurrence en 2006 et la pertinence de la solution avancée par le gouvernement, explique M. Valence. Ce qui me frappe, c’est que le fret ferroviaire en France a été traité comme le fardeau qu’on laissait à la SNCF pour ne pas trop en entendre parler. Il n’a été considéré comme un instrument de la politique publique environnementale que très récemment. »
Les auditionnés – à commencer par Louis Gallois, président de la SNCF entre 1996 et 2006 – présentent tous le déclin du fret comme un phénomène inéluctable lié à la fin du charbon, à la désindustrialisation de la France, au faible dynamisme de ses ports, puis au tempo imposé par la politique du dernier kilomètre, celle de la vente en ligne et des nouvelles plates-formes logistiques de ces géants.
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